vendredi 7 décembre 2012

Noir Désir de retour En public / dhnet.be

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Noir Désir de retour En public (23/09/2005)
© DR
Les Français au-devant de la scène pour de bonnes raisons: tant mieux, on se régale
BORDEAUX On ne reviendra pas sur les sordides événements qui sont survenus un soir de juillet 2003 à l'hôtel Dominga Plaza de Vilnius. On n'appuiera pas non plus une polémique vaine et putride sur la pertinence qu'a Noir Désir de sortir un double album live dont il avait déjà entamé la préparation avant le drame survenu en Lituanie. On laissera simplement la parole à Denis Barthe, le batteur du groupe, qui, comme les autres membres du groupe français, sort d'un long silence pour exprimer ses envies, ses frustrations, ses futurs,... Un dialogue parfois en forme de monologue tant notre interlocuteur a des choses à exprimer. Avec sincérité. Un gars de Noir Désir, quoi...
En écoutant ce nouvel album live, une certaine émotion ne peut que vous étreindre. Quels ont été tes sentiments en réécoutant toutes les bandes?
«Cela a été un long travail. Nous étions en train de mixer quand est survenu Vilnius. Dix titres étaient déjà prêts, mais le dimanche, quand nous avons appris ce qu'il s'était passé, nous sommes partis directement, laissant tout en plan dans le studio. On n'a rien dit à l'ingénieur, simplement qu'il y avait quelque chose de grave et qu'on s'en allait. On ne savait pas si on allait revenir deux jours après. Ce qu'on ne pouvait pas savoir, c'est qu'on partait pour dix-huit mois de n'importe quoi. Vu la gravité des choses et la façon dont elles s'enchaînaient de manière incompréhensible, tout ce qui était musique était passé au deuxième ou troisième plan. On a fait récupérer nos bandes au studio, mais on ne savait vraiment pas ce que ça deviendrait. On s'est fait concasser par toute la presse-poubelle. Tous ces gens à qui on disait non depuis vingt-cinq ans, on n'avait plus le choix, ils entraient avec leurs gros sabots. Cela a été dur pour tout le monde, pour les familles, pour les enfants, pour les amis. Tout le monde a été mis à super rude épreuve. Bertrand a été jugé de manière expéditive, mais ce sont les aléas d'un système judiciaire étranger. C'est la première fois que l'on voit un truc comme ça jugé en trois jours, sans aucun témoin, bref... Il prend huit ans, il l'accepte. On sait au bout d'un moment qu'il va rentrer en France purger sa peine. La folie se calme un petit peu. Quand il est rentré au pays, on est allé le voir tous les trois. C'était la première fois qu'on se revoyait à quatre après deux ans. On a discuté. On a mis les choses un peu à plat. On est arrivé au fait: qu'est-ce qu'on fait avec ce live? C'était la première fois qu'on entamait un projet qu'on ne menait pas à bien. On se sentait un peu bizarres avec ce truc-là. Dans tout ce merdier, dans toute cette boue qu'on a traversée, ce serait quand même pas mal d'essayer de retrouver un truc positif et de recentrer tout le propos sur ce qu'on sait faire de mieux: la zique. On a vu dans ses yeux et dans ce qu'il a dit que c'était un truc qui ferait du bien à Bertrand. Qu'on allait arrêter de parler de sa vie privée. Du coup, on a relancé le processus et on a recherché les bandes. Et là, catastrophe, enfin catastrophe relative, nos notes avaient disparu. On avait écouté soixante versions de chaque morceau pour en garder une. Cela avait été un processus long et pas long parce qu'on avait réalisé des écoutes séparément et on avait confronté nos idées et on était d'accord sur trois ou quatre versions. Il fallait en extraire une, ce n'était pas dramatique. Mais là, il fallait repartir de zéro: il restait les dix morceaux que l'on avait mixés avant Vilnius et puis on n'avait plus rien. On les a réécoutés, on ne les trouvait pas bien. On sortait d'une tournée très sonique et on avait un mixage vachement sage. Noir Dez, ce n'est pas ça. On a repris ces dix morceaux-là aussi. On est partis de la base, le son qu'on a nous sur scène. Quand t'écoutes le live, tu serais assis au milieu de la scène, ce serait ce que tu entends sur le live.»
Quels ont été les critères pour choisir les versions? Sur Ces gens-là, manifestement, le public découvre la chanson et l'interaction entre lui et vous est géniale.
«Ces Gens-là, on ne l'a joué que quatre fois. Et les quatre fois, c'était au Québec. On était devant un public francophone mais qui n'avait pas l'habitude de nous voir jouer des morceaux comme ça. Ton analyse est bonne, il y a eu un échange plus naturel que d'habitude. Les gens étaient à la fois surpris qu'on entame ce morceau et puis ils ont été plus attentifs. Ils sont intervenus plus délicatement. On a choisi la version un peu plus fragile.»
Noir Désir, En public + En Images (Universal).

«Pas de Noir Désir sans Bertrand»
BORDEAUX Bertrand Cantat a été condamné en mars 2004 à huit ans de prison qu'il purge actuellement en Haute-Garonne. Le groupe, bien sûr, s'interroge sur le futur de Noir Désir et n'a pas encore de réponse. En attendant, ses membres font davantage que s'occuper, même s'ils n'ont pas encore rejoué de la musique tous ensemble. «Serge (NdlR: Teyssot-Gay, le guitariste) est parti sur Interzone - le projet avec Khaled (un Syrien virtuose d'oud) - et a enregistré son disque à la maison. On n'est jamais très loin les uns des autres; Jean-Paul (Roy, le bassiste) est parti en tournée avec Yann Thiersen, explique Denis Barthe. On bosse aussi sur la musique du dernier film de Dupontel. Sergio viendra bien mettre un coup de guitare. On ne s'est jamais retrouvés à bosser tous les trois; ça nous paraîtrait un peu glauque d'être dans notre local de répet avec l'ambiance que l'on connaît. Et que Bertrand ne soit pas là. Ça nous foutrait un sérieux coup de blues. On ne ferme pas la porte à des collaborations spéciales, mais il n'y aura pas de Noir Désir avec un autre chanteur ou de Noir Désir avec des fonds de tiroir. Avec des inédits qu'on ne trouvait pas bons et que subitement on trouverait bons.»
Propos recueillis par Basile Vellut
© La Dernière Heure 2005

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