samedi 22 décembre 2012

Nous n'avons fait que fuir / Soyons.désinvoltes. par Moland Fengkov

Vu le 30 décembre 2005 sur http://moland.kaywa.com : Soyons.désinvoltes. par Moland Fengkov

"Le tragique est survenu entre-temps, avec sa part d’irrémédiable. D’aucuns voudraient tout effacer. Je crois au contraire que le propre de l’homme, ce qui le fait grand, est la mémoire, où l’on regarde le pire et le meilleur. Il le rend plus problématique. A chacun, désormais, de faire son usage de la mémoire". (Bernard Comment)



Il nous reste des traces. Tombé par hasard, en musardant dans les rayons d’un grand magasin, sur un petit livret au titre énigmatique et au nom plus qu’évocateur. Rapide coup d’œil sur la quatrième de couverture, pour apprendre qu’en juillet 2002, «lors du festival de Montpellier Radio-France, Noir Désir répondait à une invitation de France Culture pour un concert unique.» Dans un cadre exceptionnel, le cloître du couvent des Ursulines, le plus grand groupe de rock français de tous les temps ne s’est pas contenté de répondre à l’invitation, mais s’est livré à une véritable performance, avec tout ce que cet exercice implique d’improvisation, d’aléatoire, de magique et d’exceptionnel. Les éditions Verticales restituent dans ce petit livre, accompagné d’un CD, le texte de ce long morceau de 55 minutes, titré Nous n'avons fait que fuir, tendu comme un titre des Doors, violent comme une colère sourde, poétique comme l’œuvre d’un Rimbaud ou d’un Lautréamont, frénétique comme le chant d’un Brel.
Impossible de dissocier l’œuvre de Noir Déz du drame au cœur duquel se place son leader charismatique, Bertrand Cantat. Est-ce la fin du groupe pour autant ? Trop d’encre a coulé à ce sujet, alors pourquoi y revenir, à l’occasion de cet achat ? Simplement parce qu’il y a peu, je suis tombé sur un clip du groupe interprétant en duo avec Bashung une chanson, «volontaires», juste le temps de nous rappeler que les petits nouveaux, Luke, Saez, et consort, auront beau se racler la gorge, la laisser dérailler au bout de certaines phrases, ou encore rouler les r, personne ne remplacera ni n’égalera la force poétique des textes de Cantat, dits, susurrés, hurlés, déclamés comme dans cette longue incantation, avec autant de maîtrise et de cœur. Ce soir Bertrand ne dérange que les démons et les anges, mais son ombre continue de traîner sur les platines, dans les esprits des amoureux du rock à texte. Au patrimoine. Et on continuera à se méfier des contrefaçons. Il n’est pas encore venu, le temps où l’œuvre de ce groupe mythique et unique, loin d’être enterré, aura entraîné le public dans la lassitude. Lost, peut-être, mais not stranded yet.






.Nous.n'avons.fait.que.fuir.[Bertrand.Cantat].
.Editions.Verticales.


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